Claudegrand

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Marché central de Bujumbura incendié. Toujours des interrogations, des doutes et des non dit

Le gouvernement burundais retire illégalement l’agrément au Syndicat Général des Commerçants (SYGECO). Il signe un nouveau contrat avec TOYOTA Burundi pour l’achat de la parcelle abritant l’ancien stade AFB. Un horloger de l’avenue de la mission est poignardé. Tous ces faits auraient d’étroits liens avec l’incendie du marché central de Bujumbura.

En passant près de la « dépouille mortelle » du marché central de Bujumbura, on croise des regards divers. Les uns étonnés, les autres visiblement pleins de beaucoup d’interrogations : qui a brûlé ce marché ? Pour quel intérêt ? A-t-il mesuré l’ampleur des dégâts et des conséquences sur la vie des citoyens et du pays ?, etc. On est aussi attiré par des cœurs affligés qui regardent avec chagrin les cendres qui représentent l’ancien grenier du pays. Près de cette carcasse, je parie qu’il n’y passe pas de gens indifférents, du moins qui ne se posent pas de questions pertinentes.

L’ancien marché central en train de brûler aux yeux des citoyens qui assistaient impuissants à ce feu.

Ce qui est sûr c’est qu’il n’y a toujours pas de solution concernant la réhabilitation du marché central de Bujumbura, ou l’indemnisation des victimes. Et probablement que l’Etat aurait un autre plan. Le fait de retirer l’agrément au Syndicat Général des Commerçants (SYGECO) a, sans nul doute, une certaine signification. Nous sommes dans une période cruciale où il se raconte beaucoup d’ « histoires », vérités ou pas on n’en sait pas encore, à propos de l’incendie survenu au marché central de Bujumbura le 27 janvier 2013.

Le SYGECO suspendu exprès

La Ministre de la Fonction publique, précisément au nom du Gouvernement Nkurunziza, a pris la décision de rayer le SYGECO de la liste des syndicats burundais, le jeudi 07 février 2013. Ce qui est sûr c’est que la décision de la Ministre Annonciate Sendazirasa est illégale, car le Code du Travail, en son article 289 stipule que « les organisations de travailleurs et d’employeurs ne sont pas sujettes à dissolution ou à suspension par voie administrative. Toutefois le Ministre ayant le Travail dans ses attributions peut demander à la cour suprême et de cassation la suspension ou la dissolution d’un syndicat qui ne remplit pas les obligations ou qui se livre à des activités étrangères aux fins prévues par le présent code. » Et à ce que nous sachions, Mme Sendazirasa a pris seule cette décision sans saisir les juridictions compétentes.

 

L’analyse de ce comportement du gouvernement burundais est simple. Il veut purement et simplement affaiblir les revendications des commerçants. Le gros des membres de la SYGECO sont des commerçants du marché central. Le syndicat étant un espace légal de réclamation, le gouvernement aurait eu peur que si les commerçants ne sont pas contents de l’indemnisation ou de la réattribution des stands après la reconstruction du marché, ils puissent s’organiser et faire pression. Ils peuvent organiser des manifestations publiques et/ou saisir des juridictions compétentes. Et, ne vous en faites pas, les avocats même internationaux n’hésiteront pas à aider des gens sous couvert d’une organisation qui travaille légalement. Très prochainement, nous saurons sans doute ce qui se cache derrière la suppression du SYGECO, un seul syndicat des commerçants au Burundi. Le gouvernement a violé aussi la Constitution du Burundi en ses articles 31 et 32 qui garantissent la liberté d’association.

Des interrogations et des non dit

Les informations qui fusaient de partout faisaient état d’un futur octroi de la place qui abritait, avant l’incendie, le marché central de Bujumbura au patron de TOYOTA Burundi. Aujourd’hui, le gouvernement vient de signer un autre contrat avec TOYOTA Burundi pour l’achat de la parcelle qui abritait jadis le stade AFB. Disant que le premier contrat que le gouvernement burundais avait signé avec cette société a été annulé parce caractérisé par des irrégularités. Des irrégularités ? Il y a des doutes de véracité dans cette explication du gouvernement, car la famille Pagidas aurait intenté une action en justice pour dire que la parcelle lui appartient. Et elle aurait remporté le procès contre l’Etat burundais. D’où des sources affirment que l’Etat burundais aurait préparé et mis en application l’incendie du marché central.

Face à ce coup de théâtre, selon une certaine opinion à Bujumbura, le gouvernement aurait approché la famille Pagidas pour lui donner l’équivalent du coût de la Parcelle et laisser le patron de TOYOTA exploiter la parcelle. L’objectif étant de montrer à l’opinion qu’il n’aurait pas brûlé le marché pour attribuer la parcelle dans lequel il était érigé, au patron de TOYOTA Burundi.

Très grave, une autre opinion avance que l’assassinat d’un commerçant propriétaire d’une horlogerie à l’aide d’un poignard sur l’avenue de la mission aurait un étroit lien avec l’incendie du marché central de Bujumbura. En effet, selon cette opinion, le marché aurait été incendié par les agents du Service National des Renseignements (SNR) à l’aide d’une poudre en provenance des Etats-Unis d’Amérique. Et la poudre en question aurait été amenée par le commerçant récemment poignardé, sous la commande du SNR. Une façon d’éliminer progressivement des futurs témoins. Ce sont des pistes que la justice peut explorer pour établir les responsabilités des uns et des autres dans ce crime économique commis le 27 janvier courant.

La véracité de ces opinions mérite d’être établie pour éviter des soupçons, des montages, des injustices, etc. Si ce n’est pas aujourd’hui ou demain, ce sera après demain, l’an prochain, dans deux ans, ou même dans vingt ans. Car la vérité reste unique et elle doit se dévoiler le jour « j »… Que la justice travaille indépendamment de toute influence pour la réussite de la vérité…

                       Jean Claude BITSURE

Journaliste indépendant

 



11/02/2013
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