Claudegrand

Claudegrand

Les dessous de l’incendie du marché central de Bujumbura

Des « rumeurs » fusent de partout concernant les causes probables de l’incendie du marché central de Bujumbura. Des arriérés de la SOGEMARC envers l’impôt, des mobiles politiques, etc. L’important est de mettre sur pied une commission d’enquête indépendante pour établir la vraie vérité…

La matinée de ce dimanche 27.01.2013 était très noire pour le peuple burundais. Le poumon de l’économie burundaise s’éteint lentement, jusqu’à l’extinction totale. Le marché central de Bujumbura, s’ouvre tard, surtout les dimanches, puisque la plupart des commerçants sont chrétiens. Les uns se rendent dans leurs activités quotidiennes en provenance de la messe matinale. Pour d’autres, le dimanche, c’est un jour de messe et de repos, donc ils ne travaillent pas. Raison pour laquelle lors de l’incendie du dimanche, peu de choses sont sauvées car la plupart de commerçants ne sont pas présents au marché pour sauver leurs biens.

Le dimanche (jour de Dieu), devient, donc, de plus en plus noir pour les marchés au Burundi. Plusieurs marchés sont partis en fumée ces dernières années. L’on citerait notamment le marché de GITEGA, NGOZI, KIRUNDO, KAYANZA, KAMENGE, JABE, MUTAHO, etc. L’on croit alors qu’ils sont brûlés sciemment les dimanches.

Des « causes profondes » de cet incendie

Les uns commencent à assimiler l’incendie du marché central de Bujumbura aux massacres de GATUMBA du 18 septembre 2011. Pour eux, le parti au pouvoir a préparé et exécuté ce crime économique pour diverses raisons. Il aurait l’intention de brûler ce marché pour ensuite le privatiser. Et dans cette optique, les places seraient accordées à nouveau et seraient donnés aux membres du parti au pouvoir. L’objectif étant de financer le parti au pouvoir, le CNDD-FDD qui se préparerait tranquillement aux élections afin de régner sans partage. L’autre hypothèse avancée par l’opinion est qu’il y aurait une enquête politico-ethnique officieuse au marché central, et l’on se serait rendu compte que la plupart de commerçants appartiennent aux partis de l’opposition. Le pouvoir aurait donc eu écho qu’ils financent ces partis pour se préparer aux élections de 2015. D’où l’acte d’incendie, selon cette opinion.

Une autre opinion dit que le marché central de Bujumbura serait incendié par les dirigeants de la SOGEMARC. En effet, la gestion du marché central serait redevable de plusieurs milliards de francs burundais (des millions de dollars US) envers l’impôt. Et l’Office Burundais des Recettes (OBR) serait catégorique pour le paiement de cette dette. Les autorités de la SOGEMARC auraient fait recours au Maire de la ville de Bujumbura, pour qu’il puisse parler avec l’OBR dans le but de laisser tomber cette dette. Cependant, le Maire de la ville actuel serait incorruptible et aurait refusé les pots-de-vin que lui auraient donnés les autorités de gestion du marché central pour négocier avec l’OBR en leur faveur. D’où elles auraient brûlé le marché pour créer le cafouillage.

Des conséquences multiples et des solutions…

Le même jour de l’incendie de ce dimanche, les commerçants spéculateurs d’autres marchés comme JABE et RUVUMERA avaient déjà revu à la hausse les produits de consommations et autres biens à l’instar des habits. Des gens cherchent déjà à constituer des stocks de biens de consommation, avec toutes les conséquences qui s’en suivront, comme une lente sortie des marchandises des commerçants dans les jours à venir. Le marché de Bujumbura étant la centrale du commerce nationale, il est clair que la richesse du pays est en danger, sans parler de familles entières qui commencent à souffrir. L’Etat va perdre les impôts et taxes régulièrement payés par les commerçants du marché central de Bujumbura. L’autorité politique, de la police et de la documentation devrait s’investir pour décourager ces spéculateurs, en leur imposant de lourdes amendes en cas de hausse illégal des prix des produits. La population aussi devrait être sensibilisée sur les méthodes rapides de dénonciation des commerçants spéculateurs, des méthodes qui seraient arrêtées par les instances habilitées. Surtout que nous sommes un des trois pays les plus pauvres du monde, il est hors de question d’ajouter le drame au drame en fermant les yeux sur des spéculateurs. Pour ne citer que ces quelques conséquences.

Il est urgent également de prévenir de tels cas d’incendies et d’autres catastrophes. Il est très honteux que le Burundi ne dispose pas de camions extincteurs suffisants alors que des cas d’incendies ne datent pas d’aujourd’hui. C’est un problème de planning et de prévision ! Le Rwanda dispose d’un avion extincteur, qui est venu nous secourir ce dimanche quand le marché central de Bujumbura était en feu. Pourquoi le Burundi n’a pas prévu de tels outils importants ? Que va-t-il faire pour éviter que le pire ne ravage pas encore le pays comme ce dimanche noir ?

Enfin, le Burundi devrait, dans l’urgence, faire recours aux pays amis et voisins, aux organismes internationaux et régionaux, etc. afin de constituer un fonds de soutien aux victimes de cet incendie. Il faut également sensibiliser tout un chacun de faire assurer leurs biens et autres pour être remboursé en cas de dommage.

                       Jean Claude BITSURE

Journaliste indépendant



28/01/2013
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 8 autres membres